«Le poids en moi diminue au fur et à mesure que le pot de peinture se vide»

Peindre, danser ou jouer pour mieux se porter, c’est possible. Les art-thérapeutes sont aujourd’hui environ 160 en Suisse romande. Le patient se tourne vers l’un ou l’autre des disciplines en fonction de son ressenti et de ses besoins.

Pendant une demi-heure, au milieu d’une salle, on travaille en silence, à côté d’une étagère remplie de matériel. Un cours de dessin? Non, une séance d’art-thérapie. «Découpage, crayon gris, peinture: les patients sont d’abord obligés de faire un choix», explique Marine Métraux, présidente de l’Association professionnelle suisse des art-thérapeutes. La discipline vient du monde anglo-saxon: «Dans les années 1950, on l’utilisait aux Etats-Unis et en Angleterre, avec des soldats. On avait compris que créer pouvait aider.»

Des œuvres jamais exposées

Céramiste à l’origine, Marine Métraux se sert des arts plastiques pour aider ses patients. Après une discussion en début de séance, c’est le moment de créer, sans directives ou sur une thématique qui fait écho à un besoin. «L’art-thérapeute reste à l’écart et observe. Quelque chose se passe, c’est un peu magique.» Suit un échange autour de l’œuvre réalisée: «On s’appuie sur ce qui a été fait, mais ce n’est pas de l’interprétation. On encourage la personne à parler de son ressenti.» Le résultat ne sera pas jugé, ni exposé. C’est le processus de création qui compte.

Qui sont les patients des art-thérapeutes? Marine Métraux mentionne des personnes en burn-out, en dépression, ou encore souffrant d’Alzheimer. Les profils sont divers. Parmi eux, Sophie *, Vaudoise de 22 ans, étudiante en décoration. Depuis ses 16 ans, elle pratique l’art-thérapie. «J’avais été victime de rejet de la part des autres, j’étais très isolée, et je gardais tout ça pour moi.» La jeune femme a aussi un grand intérêt pour l’art depuis qu’elle est toute petite: «C’était une évidence pour moi de me tourner vers cette discipline pour m’exprimer et me sentir mieux.»

Du soin à la profession

«C’était comme si le poids que j’avais en moi diminuait au fur et à mesure que le pot de peinture se vidait.» Sophie se retrouve ainsi dans ce concept: «J’arrive davantage à créer des images qu’à mettre des mots sur ce que je ressens. Et on est libre de créer ce qu’on veut, il n’y a rien de faux tant que ça vient de soi.» La jeune femme se sent donc valorisée et détendue ensuite, «comme après le sport». Les séances n’ont fait que confirmer sa passion pour l’art, jusqu’à l’amener à en faire son métier aujourd’hui, à travers la décoration.

Mais l’art-thérapie, ce n’est pas que du dessin ou de la peinture. Il y a quatre autres spécialisations: la thérapie par la danse, la musique, la parole et le drame et, enfin, intermédiale, qui combine plusieurs de ces thérapies à la fois.

Et la dramathérapie?

«Au début de la séance, on demande au patient de raconter ce qui l’amène, en utilisant notamment de petits objets, comme une maison ou un Playmobil.» Anne-Cécile Moser, comédienne et metteuse en scène, est aussi dramathérapeute. Sa spécialité, proche du théâtre, est la thérapie par la parole et le drame. «On va par exemple proposer au patient de jouer le rôle d’un personnage qui entre en résonance avec son problème», raconte-t-elle. But de l’exercice? «Exprimer ses émotions pour mieux les intégrer dans son quotidien, s’affirmer et avoir confiance en soi.»

Les séances se font aussi en groupe. Anne-Cécile Moser a travaillé avec des jeunes qui ont des troubles du comportement. Une activité qui semble leur faire du bien: «Je ne suis pas médecin, je ne donne pas de diagnostic, je ne guéris pas. Mais j’aide ces jeunes à réaliser à travers le jeu qu’ils sont capables de raconter une histoire cohérente ensemble et de s’écouter entre eux.»


* Prénom d’emprunt.

Julie Eigenmann  Publié lundi 30 avril 2018

https://www.letemps.ch/societe/poids-moi-diminue-fur-mesure-pot-peinture-se-vide

En 2018, trouvez la lumière !

Malgré les tempêtes de la vie, je vous souhaite

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© Sophie Blackall

de trouver la lumière et l’apaisement quelle que soit votre quête !

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© Sophie Blackall

Pour vous aider à faire en sorte que 2018 soit une année douce

et remplie de lumières, je vous invite à tester ce petit rituel :

En début d’année, mettez en place le principe d’un bocal à événements positifs. Commencez dès le 1er janvier et suivez ces quelques étapes :

  1. Récupérez une boîte, un bocal ou n’importe quel contenant qui vous convient.
  2. Préparez un stylo et des morceaux de papier pour noter facilement les choses positives qui se produisent.
  3. Notez les choses positives qui vous arrivent au fur et à mesure. Ces choses peuvent être très importantes ou plus triviales – peu importe.
  4. Ouvrez la boîte le 31 décembre ou le jour de l’an et lisez tous les papiers qu’elle contient. Savourez à nouveau toutes les choses positives qui se sont produites dans l’année !

un bel exemple de résilience face au deuil

Complètement atterré par la mort tragique de sa femme, Gary Andrews, un ancien animateur de Disney ouvre son carnet et laisse ses émotions déborder sur les pages. « Je pleurais tellement que j’avais du mal à me concentrer sur la page. Je dessinais tout en essuyant mes larmes », a-t-il déclaré au Daily Mail. « Joy était mon âme soeur depuis 19 ans. Elle était belle, gentille, généreuse et drôle. Nous avons tout fait ensemble. Quand je l’ai perdue, j’ai senti que la moitié de mon existence venait de partir. »

Tout au long de son processus de deuil, Gary a continué à dessiner dans son journal, enregistrant les hauts et les bas de sa vie quotidienne. Consigner ses pensées et ses émotions sur papier l’a aidé à vivre avec son tourment, lui permettant d’exprimer librement ses sentiments. Joy est très présente dans ses griffonnages, et il parvient également à saisir le bonheur que ses enfants apportent à sa vie de père célibataire.

Non à la dictature de l’optimisme, j’ai le droit d’être triste!

Marre de devoir toujours voir la vie en rose. On veut aussi pouvoir aller mal de temps en temps. C’est même parfois positif!

Optimiste ! (éd. Odile Jacob), Et n’oublie pas d’être heureux (éd. Odile Jacob), Développez votre optimisme et votre joie de vivre (éd. Albin Michel), Power Patate (éd. Marabout)… Sur les rayonnages des librairies, on ne voit qu’eux! Ces livres rose bonbon qui nous promettent la frite, la pêche, la banane en toute circonstance. Certes, on a compris l’idée (et du même coup le filon): plus la société va mal, plus le discours positif s’installe, tel un mantra contra-phobique.

Mais est-ce vraiment une riche idée ? Est-ce à ce point bénéfique de baigner dans une ambiance perpétuellement guillerette? Faut-il toujours simuler le plaisir de vivre? Non, répondent les experts. Car pour ceux qui n’y parviendraient plus (ou pas), ce serait le plus sûr moyen de sombrer dans la vraie déprime.

Pouvoir déprimer tranquille

Yes, on va enfin pouvoir pleurer tranquille. D’autant que l’Américaine Julie Norem, psychologue, professeure au Wellesley College (Massachusets) et auteur du récent The Positive Power of Negative Thinking (le pouvoir positif des pensées négatives), enfonce le clou: selon elle, le bonheur à marche forcée causerait « plus de souffrance encore que le pessimisme même ». Traduction: quand tout le monde positive en chœur, c’est le sentiment d’exclusion qui menace.

D’ailleurs, réfléchissez. Autour de vous, quelques esprits positifs (mais chagrins) ne se sont-ils pas un jour interrogés à haute voix sur l’origine de votre maladie? Ne vous ont-ils jamais demandé s’il ne fallait pas chercher du côté de votre petit fond de noirceur l’une des causes de votre infortune? N’ont-ils pas sérieusement posé l’hypothèse que vous auriez pu vous fabriquer vous-même votre cancer et qu’il serait grand temps que vous mettiez un peu les chances de votre côté, maintenant ?! Et, du coup, ne vous êtes-vous pas sentie obligée d’adopter la positive attitude? Ah! Vous voyez…

Même en pleine déprime, rester belle et glamour

Notre amie Maryse Vaillant*, récemment disparue, s’offusquait justement de ce qu’elle nommait la « théorie de la double peine »: malade et coupable, actrice de son propre malheur car insuffisamment positive. Or, si la dépression latente ou le stress tapent peu ou prou sur le système (immunitaire), il n’est pas prouvé que la conscience du caractère tragique de la vie soit aussi cancérigène que le tabac et l’alcool!

Pourtant, certains semblent y croire. Et ne s’arrêtent pas là. Quand la maladie frappe, le discours cogne aussi:  » il va falloir te battre, ma fille, y croire. Rester positive, ne pas baisser les bras ». On vous veut warrior, conquérante.

L’obsession de l’optimisme,
une manière
de « photoshoper » l’existence

Bien sûr, ces injonctions sont au fond bienveillantes. Elles traduisent l’angoisse des proches, leur impuissance et leur compréhensible souci de nous savoir rassemblée, motivée. Mais voilà comment, insidieusement, on se persuade de ne plus s’écouter. Voilà comment on s’enferme soi-même dans un déni de réalité. Déprimer, c’est voir la vie en bleu.

Le philosophe Martin Steffens, auteur de La Vie en bleu (Marabout), déplore cet effacement de la lucidité: « Il y a une certaine tendance, à travers la pensée positive, à penser que si l’on occulte l’épreuve, elle ne nous atteindra pas. » Dans cette obsession de l’optimisme, le philosophe voit une manière de « photoshoper » sa propre existence, comme si, par un tour de passe-passe, on pouvait en gommer les irrégularités, les erreurs.

Mais attention, selon lui, au retour de manivelle: « À force de ‘‘penser positif’’ en toutes circonstances et d’attendre benoîtement que le meilleur se produise, on en vient à être déstabilisé par le moindre petit grain de réel. » On ne sait plus anticiper, en clair. « Si vis pacem, para bellum », confirme d’ailleurs la sagesse populaire.

Si tu veux la paix, prépare la guerre

Donc intègre cette maxime dans ton schéma de pensée. Sans pour autant n’envisager que le pire. Et c’est là toute la difficulté. En ce sens, on peut distinguer le pessimiste nihiliste du « pessimiste actif, qui travaille à améliorer son sort ». À en croire notre philosophe, la couleur de ce dernier serait plutôt le bleu: « À mes yeux, le bleu correspond à la juste articulation au réel car il évoque à la fois l’espérance et le ‘‘bleu de travail’’ (le sens de l’effort), les ‘‘bleus à l’âme ». »

Bref l’incontournable lot de nos petites souffrances quotidiennes, en somme. Voir la vie en bleu, ce serait donc voir la vie en face et chercher en soi les ressources parfois cachées pour mieux la traverser. Au contraire, poursuit le philosophe, « le rose est une “demi-couleur’’, fabriquée, qui n’appartient pas à la palette des teintes primaires. Elle enjolive le réel, c’est vrai. Mais quand vous vous retrouvez face à vos difficultés (comme la maladie), vous risquez de tomber de haut ! ». Donc de passer sans transition du tout rose au tout noir.

Sophie Carquain

*Psychologue clinicienne, auteure de nombreux ouvrages, dont Voir les lilas refleurir (éd. Albin Michel).

http://www.rosemagazine.fr/magazine/psycho-sexo/article/cancer-tristesse-flancher-dictature-optimisme