Chaque année depuis 12 ans, j’ai une pensée très particulière autour du 15 octobre pour celui qui m’a fait devenir mère. Je n’ai pas d’enfant réel et visible mais pourtant dans mon cœur et dans mon corps qui a porté la vie qui s’est arrêtée, il est bien présent.
Je ne peux que vous encourager à participer à la très belle initiative proposée par @association_petiteemilie pour la Journée mondiale de sensibilisation au deuil périnatal dont je vous relaye ici les informations.
« Rendons visibles nos deuils périnataux, nos bébés disparus et l’amour que nous leur portons en tant que parents en inondant nos réseaux sociaux d’𝙖𝙧𝙩 !
Que vous ayez suivi des sessions d’art thérapie à la suite de la perte de votre enfant et réalisé un support artistique, que vous ayez acquis, conçu, fabriqué ou fait fabriquer un objet d’art en sa mémoire,
Que vous ayez perdu votre tout petit il y a 3 mois, 3 ans ou 30 ans,
Si vous souhaitez participer, vous pouvez nous envoyer la photo de l’œuvre qui vous accompagne. Nous en ferons une jolie galerie d’art qui sera diffusée sur nos réseaux sociaux le 15 octobre.
Ensemble, faisons briller la mémoire de nos enfants à travers l’art, le beau et la création.
Découvrez un dossier spécial sur l’Art-Thérapie proposé par le Fonds de DotationDAPAT. Pourquoi l’art-thérapie comme thème de ce numéro ? Parce que l’art libère. Que ce soit par l’écriture, la danse, la peinture, les scénarios, le théâtre, chacun son médium pour exprimer ses failles et panser ses plaies. L’expression artistique ouvre d’autres chemins vers soi-même, et console autant qu’elle révèle. Nous avons donc voulu mettre l’accent sur cette thérapie si précieuse pour les femmes qui doivent reconstruire leurs vies :
En cette journée internationale du deuil périnatal, je vous partage le témoignage d’un couple endeuillé Thibault et Marjolaine, ils forment un joli duo, à la ville comme à la scène. Ils ont crée le groupe When In Dublin et livrent ici leur témoignage sur les deux arrêts naturels de grossesse qu’ils ont vécu et la manière dont ils ont transformé ces événements en musique.
Vidéo clip de leur chanson Angel Mama : “C’est notre façon à nous d’extérioriser tout le cortège d’émotions que peut susciter ce genre d’événement, de dire aux gens que même si ça nous pousse à nous recroqueviller sur notre douleur, on est loin d’être seuls dans ce cas. ”
Ceci a une résonance toute particulière avec le processus du carnet de deuil que j’aime en tant qu’art-thérapeute transmettre afin d’accueillir et exprimer ses émotions face à la perte. L’objectif étant de mettre en mot, en image, en formes, le vécu du deuil et d’installer page après page de la sérénité et de la paix en soi.
La quête de sens d’une mère qui a perdu son jeune fils donne naissance à “Et je choisis de vivre”, un film lumineux qui parvient à mettre des mots sur le deuil et entrevoir la possibilité d’un nouvel élan de vie. Les spectateurs ne s’y trompent pas et se bousculent aux avant-premières. Sortie en salles le 5 juin.
L’Odyssée connaît rarement une telle affluence. Vendredi 3 mai, la mythique salle de cinéma strasbourgeoise était comble. Plus un fauteuil de libre, des spectateurs hâtivement installés sur des chaises pliantes rajoutées au dernier moment, d’autres assis sur les marches. Les moins chanceux ont dû rentrer chez eux, cachant mal leur frustration. Pourtant, pas d’Avengers : Endgame au programme. A l’affiche, un film beaucoup plus modeste, Et je choisis de vivre, bouleversant documentaire sur le deuil et la possibilité d’une résilience. Sa sortie en salles est prévue le 5 juin, mais déjà dans tous les cinémas où il a été programmé en avant-première, des centaines de spectateurs se pressent pour voir ce film qui fait du bien. Et chaque jour de nouvelles avant-premières s’ajoutent aux précédentes un peu partout en France.
Mettre des mots sur les maux
Singulière destinée pour un film né de la douleur d’un couple, Guillaume et Amande, confronté à la disparition de Gaspar, leur petit garçon, mort la veille de sa première année. Lui, taiseux, n’est qu’action pour tenter de tromper le manque viscéral de ce fils. Elle, a besoin de mettre des mots sur les maux, de trouver un sens à ce qui n’en a pas, et surtout d’espérer que la douleur puisse un jour s’adoucir, l’absence s’apprivoiser, et la vie retrouver un peu de sa saveur. Tout à cette attente, elle décide de partir à la rencontre d’autres parents qui ont perdu des enfants et sont parvenus à se reconstruire. Si eux y sont arrivés, pourquoi pas elle ? Et si leurs expériences, leurs témoignages, leur bienveillance l’aident, pourquoi n’en serait-il pas de même pour d’autres parents endeuillés ? Naissance de l’idée d’un film.
Long cheminement
Sont enrôlés par Amande dans l’aventure son ami le réalisateur Nans Thomassey, que les téléspectateurs de France 5 ont croisé dans la série documentaire Nus et culottés, et un jeune producteur à l’énergie contagieuse, Damien Boyer. Peu à peu, le scénario se précise. Puisque le deuil est un long cheminement, Amande s’embarquera pour une randonnée de plusieurs jours dans les montagnes de la Drôme, où elle vit, et rencontrera à chacune de ses étapes d’autres parents qui ont traversé cette épreuve et sont arrivés à se reconstruire. Reste à financer le film. Pas simple. Une après l’autre, les portes se ferment. Le deuil a beau être l’expérience de vie la plus partagée, l’évoquer reste encore trop souvent tabou. Alors en faire un film… Partout, le discours est le même : « Parler de la mort, qui plus est de la mort d’un enfant… Trop sombre, aucune chance de faire de l’audience. N’y pensez pas. » Et pourtant si, ils ne pensent qu’à ça.Alors, ils entament un tour de France pour présenter le projet lors de quinze conférences baptisées « Deuil et renaissance », et lancent en parallèle une opération de financement participatif. Un succès : deux mille donateurs répondent à l’appel, faisant de cette levée de fonds en ligne la deuxième plus importante pour un film après celle du documentaire Demain, de Cyril Dion et Mélanie Laurent.
“Les vivants ferment les yeux des morts et les morts ouvrent les yeux des vivants”
Gaspar est mort. Et je choisis de vivre peut voir le jour. Mieux qu’un hommage, le film est une leçon de vie, une œuvre lumineuse qui parle du deuil avec justesse et authenticité. Pas simplement du deuil de l’enfant, de tous les deuils, du deuil « universel ». Amande bouleverse en acceptant de mettre à nu sa douleur, son désarroi, ses questionnements les plus intimes. Chacune des rencontres avec les autres parents l’aide (nous aide) à comprendre la normalité de ce que ressent toute mère qui a perdu un enfant ; à mieux appréhender ce parcours chaotique qu’est le processus de deuil ; à ne pas oublier l’absolue valeur du moment présent ; et finalement à entrevoir la possibilité d’un apaisement, d’une reconstruction. Aucune vérité là-dedans, pas de kit de survie non plus, juste une addition d’expériences singulières, de témoignages vécus, comme autant de sources d’inspiration, de tuteurs de résilience envisageables.
Tout au long, le film fait preuve d’un subtil équilibre entre la puissance émotionnelle de chacune des rencontres, l’évolution intime d’Amande restituée en voix off, et de magnifiques plans sur les paysages de la Drôme, éclatants en plein été indien. Pas à pas, Amande, s’approche du sommet des Trois Becs, point d’arrivée de sa longue randonnée. Rencontre après rencontre, elle avance dans son cheminement intérieur. Les mots font sens et résonnent, l’invitant, elle, comme chaque spectateur, à une véritable introspection dont la clé sera donnée par une des mamans de rencontre : « Les vivants ferment les yeux des morts et les morts ouvrent les yeux des vivants. »
Le deuil périnatal bien qu’il soit si tabou est un deuil à part entière mais reste encore assez peu pris en compte. Selon la croyance populaire, les parents se remettraient plus vite de la perte d’un bébé qu’ils ont peu ou pas connue. Et pourtant…
La peine ne se mesure pas au nombre de semaines ou au vécu du bébé, mais à la grandeur du rêve que portaient en eux ses parents.
Dans notre société, on accorde peu de place au deuil et passé le choc du début, les parents sont souvent amenés très vite à ne plus pouvoir parler du décès de leur enfant car on leur demande déjà de passer à autre chose. Je trouve d’ailleurs les mots de Martine Batanian à ce propos très juste :
« Contrairement à ce que l’on pense, beaucoup de deuils ne se terminent pas de manière nette. Mais après un certain temps, l’entourage nous presse souvent de passer à autre chose. Si leur seuil de tolérance est atteint, ça ne veux pas dire que vous vous sentez mieux. Pour la plupart des blessures, c’est la même chose : on ne guérit pas, il faut se soigner constamment. »
Je trouve important de pouvoir s’accorder le droit de pleurer, de crier aussi fort et longtemps que l’on en a besoin.
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